Dorénavant Ezella s’intéresse à la nuit marseillaise. Pour ce faire, vous retrouverez des entretiens avec ceux qui font les nuits, les fêtes, les événements de Marseille. Pour inaugurer cette rubrique, on reçoit ANTiCLiMAX. DJ, journaliste, animateur radio, agitateur de good vibes en somme… Parfait pour se lancer. Forza Massilia !


Salut Anticlimax. Ca fait un bail qu’on te connait chez Ezella. Comment tu te présenterais en quelques mots, pour expliquer un peu qui tu es ?
Anticlimax, presque 40 ans dont 20 déjà passés sur et autour des dancefloors de France et de Navarre, aux platines mais pas que, également dans les colonnes de magazines musicaux ou derrière le micro de Radio Grenouille. J’ai toujours été pathologiquement passionné de musique et j’ai compris très vite que rien ne me stimulait autant. Ca n’aura pas été sans concessions mais je crois que j’ai réussi à faire de cette passion un (et même plusieurs) métiers ! Pour combien de temps encore ? Difficile à dire vu le contexte !

T’as toujours vécu à Marseille ?
Je viens de la diagonale du vide, j’ai grandi en Corrèze dans une petite ville étonnamment dynamique sur la question culturelle : Tulle. C’était formateur d’y côtoyer des militants hyper investis, et d’y voir des groupes qui pour certains ne jouaient même pas à Paris. Mais ça m’a aussi donné envie de partir voir ailleurs – j’ai écumé nombre de festivals et clubs européens en ce temps là – avant de m’installer à Marseille en 2006 !

Où est ce que t’as fait tes armes, musicalement ?
Ca paraîtrait étrange mais d’abord à la médiathèque locale, j’y étais sans arrêt à digger inlassablement, puis dès ses débuts sur le web, j’étais un rat de forums, en permanence branché à un tas de gens comme moi partout dans le monde, on échangeait énormément d’idées et de fichiers (merci soulseek, faut dire qu’Hadopi n’existait pas encore !). Ca m’a apporté pas mal de choses que j’ai pu mettre en œuvre dans des fêtes clandestines au fond des bois d’abord puis petit à petit j’ai décidé d’organiser des évènements pour pouvoir accueillir les artistes que j’aimais. Et en profiter pour être sur scène moi aussi. Ce que j’ai fait quasiment tous les weekends depuis que je suis dans le Sud.

Quels sont les bars et les clubs de Marseille qui t’ont marqués ? 
Pour ce qui me concerne le Passe-temps fut et restera un étalon-maître de la fête au même titre que La Dame Noir bar, première version. D’autres lieux comme le Cabaret Aléatoire qui a muté plusieurs fois avant de s’installer comme un rdv incontournable des musiques électroniques, la buvette D*I*S*C*O et ses méchants couchers de soleil ou coups de lune, les soirées AMOUR au cargo (de Métaphore Collectif) sont assez chers à mes souvenirs.

Aujourd’hui comment tu juges le public marseillais en terme d’attente musicale ?
Ce n’est pas un souci marseillais mais je crois que les gens sortent avant tout pour faire la fête et que finalement le support est au second plan. Je n’ai jamais réussi à m’amuser dans ce mode là. La techno (au sens large) semble rassembler pas mal dernièrement mais quand je regarde ou écoute le public j’avoue que souvent je ne comprends pas de quoi il cause. Et que je me demande franchement si chez lui, il écoute des disques. Il y a évidemment quelques gens qui se questionnent et ont des attentes clairement identifiées mais tant qu’ils ne seront pas prêts à payer ou assez nombreux pour remplir les salles on aura un problème. Par chance ça ne dément pas la grosse énergie qui se dégage des organisateurs et collectifs qui n’ont de cesse d’alimenter la proposition artistique, avec plus ou moins d’exigence.

Qui sont les grands frères de la musique électronique à Marseille, ceux qui façonnent la scène depuis des années ?
Question complexe, il est certain que des gens comme Jack de Marseille, DJ Oil, Paul, Did, Seb Bromberger, Fred Berthet, La Dame Noir et d’autres colorent de longue date la ville à leur manière et ont une influence sur ce qui se passe ici. De nombreux collectifs existent aussi depuis un moment, je pense a Metaphore, Tropicold, Caisson gauche, D-mood, DRMC ou 1RDT, leurs évènements et forte présence sur les scènes locales ont un impact très clair !

Quels sont les jeunes producteurs que tu conseillerais de suivre ? 
Ils sont nombreux et c’est cool, ils ne sont peut-être pas tous tout jeunes mais des gens comme Fontène, Cardinal&Nun, Freeze, Jo.z, Bill Vortex, Phatt, Badjokes, Chicksluvus, FK club, Dubstriker, Amevicious ou encore Syap ont montré de super choses et ont encore de belles marges de progression croyez moi !

Quels sont les disquaires que tu conseilles ?
Sans aucune hésitation Extend&Play pour la musique électronique, Galette et Bonne Mère records sont aussi de très bonnes adresses sans oublier les Emmaüs un peu partout en ville pour chiner de bons 45 tours – dont je me régale et que j’utilise pour mon projet parallèle uniquement articulé autour de ces derniers : DiSCOBOLE.

Dis nous en plus sur ce projet DiSCOBOLE.
DiSCOBOLE, je l’ai créé il y a deux ans en réalisant que souvent le dancefloor était trop sérieux, il me fallait rendre le truc amusant et surtout pas poseur.. et sortir du format dance music qui me frustre parfois parce qu’il manque généralement de variété. J’ai recommencé à acheter des 45 tours disco, funk, boogie, new wave et si j’ai fait le choix de n’utiliser que ce format, ludique et dynamique à mixer, c’est aussi parce que c’est fun et rassembleur. Tout le monde a un souvenir associé à un « mange-disque » ou à un disque d’Abba, non? Résultat je m’amuse beaucoup à jouer ce projet là, et manifestement ça plait! 

Les meilleurs lieux pour sortir et pouvoir écouter de belles playlists travaillées ?
Cette année c’est pas gagné on le sait, ceci dit le Chapiteau Belle de mai ou le Talus ont ma préférence, ce sont des formules hybrides et pointues dans lesquelles je me retrouve bien, que ce soit pour passer des disques, danser ou aller faire des blagues – ce qui, comme chacun le sait, est un peu mon cœur de métier.

Parle nous un peu de tes projets.
Cette année je vais notamment être mentor pour « la nouvelle onde » un dispositif pour accompagner les moins de 30 ans dans le music business,
Je suis par ailleurs programmateur associé de Radio Grenouille (membre réseau radio campus) donc je propose, en plus d’animer depuis 8 saisons mon émission « bienvenue au club » qui cause d’actualité du dancefloor, des sélections musicales aussi personnelles que régulières. Parmi les moments assez amusants je me souviens surtout d’une interview où mon invité a systématiquement répondu par oui ou par non à mes questions. Très galère en direct avec quelqu’un qui n’avait donc rien à dire à propos de sa musique! 

Pour finir, ANTiCLiMAX nous fait le plaisir de nous concocter pas une mais deux playlists :

La seconde pour le projet DiSCOBOLE, et celle-là on adore !

– Retrouvez ANTiCLiMAX sur : Facebook, Twitter, Mixcloud
– Ecoutez l’émission « Bienvenue au club » sur Radio Grenouille, tous les troisième mercredi de chaque mois à 20h en direct avec un invité !
– Suivez l’actu de Tcheaz sur leur site web