Interview Guts

Producteur émérite du hip-hop made in France, DJ au groove et à la sélection exotique. Guts est un artiste qu’on adore, qui prône une musique et un message de paix, de tolérance et de rassemblement. Autant dire qu’on est ravis de proposer cette interview de Guts.

Guts au 6MIC à Aix-en-Provence
RAPPEL : Réservez vos places pour Guts au 6MIC à Aix-en-Provence en cliquant ici

Interview Guts

Sa venue en DJ-set dans notre païs, au 6MIC d’Aix-en-Provence, le samedi 17 prochain, était l’occasion de se replonger dans l’univers bien fourni de Guts. Si vous ne l’avez pas lu, voici notre article sur le sujet. Alors, quand la prod’ nous a contacté pour nous demander si on était chaud pour faire une interview de Guts, on n’a pas attendu bien longtemps pour répondre par l’affirmative.

On a dû prendre sur nous et ne garder qu’une poignée de questions qu’on avait à lui poser.

Voici donc notre interview de Guts.

Enjoy, et rdv le 17 septembre prochain au 6MIC

INTRODUCTION

Guts Le bienheureux. Le hip-hop. Le groove. Le monde. L’ouverture. Les couleurs. On a bien résumé le personnage et le concept ? Ou manque-t-il quelque chose pour bien t’introduire comme il se doit?

Oui, c’est assez bien résumé. On peut rajouter ma capacité à rassembler et ma curiosité maladive. Mais on pourrait aussi évoquer mon coté plus obscur, mélancolique et sentimental…

Tu es un vrai fan de hip-hop de la première heure. L’article publié par le blog ABCDRDUSON qui t’avait interviewé en 2017 peut en attester comme il le faut. Et à cette époque, qui disait hip-hop disait funk. Tu as clairement un très gros attrait avec la musique funk, la black music des années 70’s. Dis nous-en un peu plus là-dessus ?

Clairement, le dénominateur commun, c’est le groove. Je suis d’une cité du 92 et les grands frères écoutaient du Funk, de la Soul et du Reggae. Ca m’a nourrit et j’écoutais beaucoup la radio et des émissions spécialisées dans ces genres. Jusqu’au jour ou un ami me fait écouter une cassette d’une émission hip-hop. J‘accroche direct et ça m’a envouté, captivé et passionné.
Et comme le Hip Hop est aussi une musique basée sur l’échantillonnage, je suis allé chiner tous les albums samplés par le Hip-Hop américain. Principalement Soul, Jazz, Blues et Funk. J‘avais une attraction pour ces 4 genres. Mais le Hip-Hop m’a permis de satisfaire ma curiosité et ma boulimie de musique au plus haut point. Maintenant le Hip-Hop m’a permis de découvrir toutes les musiques du monde. Du moins, celles qui touchent mon âme.

LE HIP-HOP

En 2015 déjà tu pointais du doigt le hip-hop et le virage mainstream et egotrip qu’il a pris. Comment tu perçois le rap aujourd’hui, et la culture hip-hop plus largement, aujourd’hui ?

Avec Internet et l’évolution des technologies accessibles pour tous grâce à l’ordinateur, le Hip-Hop s’est considérablement compartimenté. D’un coté, il est beaucoup plus divers, plus complexe et plus varié. Et de l’autre il s’est considérablement appauvri. Dans la qualité du son, dans sa musicalité et dans les textes.

Heureusement, il y a des fulgurances et des exceptions. Des artistes comme Kendrick Lamar, Anderson Paak, Sampa The Great et Earthgang emmènent le Hip-Hop dans une créativité jamais égalée. Le Hip-Hop « mainstream » aujourd’hui est devenu une culture pop. Et ça n’a rien à voir avec le Hip-Hop, c’est la globalisation et l’industrialisation du rap.

Le Hip Hop « égotrip » a toujours existé et il est dans l’ADN de cette culture. Le Hip-Hop est à la base un mouvement qui réunit 5 disciplines : street-art, DJs, rappeurs, danseurs et beatmakers. C’était un cercle vertueux. Un cercle dans lequel certains acteurs de ce mouvement chapeautaient les concerts, soirées, labels, médias, boutiques de vinyles, de fringues, etc. Mais ce mouvement est mort. Maintenant, la plupart veulent faire du biff et ils utilisent le rap comme un moyen lucratif.

Avec quels artistes de rap actuel tu te verrais bien collaborer ?

J’aime beaucoup la rappeuse Little Simz, le duo Children Of Zeus et Rejjie Snow pour le coté UK.

Pour le coté US, j’ai essayé de collaborer avec Jonwayne mais ça n’a pas abouti. J’adorerais collaborer avec Action Bronson et J Cole.

Mon rêve serait Anderson Paak et Earthgang…

L’ARTISTE

Composer pour les autres, c’est ce qui anime ton inspiration dès le début du processus de création ? Ou en cours de route tu te dis « ah tiens, un tel ou une telle pourrait apporter ça en plus » ?

Composer pour les autres me stimule. Mais le plus souvent, c’est la musique qui me conduit vers une idée de voix. Qui m’inspire un timbre de voix. Un flow particulier. Ou un instrument additionnel.

La musique comme moyen de passer des messages sociétaux, ça te colle vraiment à la peau ?

C’est vrai que j’aime mettre du sens, du conscient et de la profondeur dans la musique. Mais le plus important, c’est l’émotion que cela te procure. Avec ou sans message.

Le sampling faisant le ponton parfait entre les genres, quels sont les samples dont tu es le plus fier d’avoir utilisés. Afin de créer un nouvel univers à partir d’une vieille étoile ?

Celui dont je suis très fier, c’est le sample de Bro. Valentino « Ah Wo » que j’ai utilisé pour mon track « Brand New Revolution« .

Et bien-sûr le sample de Billy Stewart « Summertime » utilisé pour mon track « And the living is easy« .

Le format album aujourd’hui est complètement redéfini avec l’ère du stream et des playlists. Comment tu l’abordes quand tu te lances dans la compo ?

Je ne prends jamais en considération les nouvelles façons d’écouter les albums et de diffuser de la musique. Je ne veux être esclave de rien dans la création, je souhaite être totalement libre et seulement quand le projet est fini, je m’adapte pour trouver la meilleure façon de proposer l’oeuvre en question.

Par exemple, pour mon nouvel album, je refuse de sortir l’album à la découpe avec des singles, je souhaite le sortir dans sa globalité pour des raisons artistiques évidentes. L’oeuvre doit rester plus importante que le système de diffusion ou promotionnel du moment ..

LES VALEURS

Tu racontes dans une interview que ta valeur du travail te vient de tes parents. Ta mère notamment qui se saignait pour t’acheter des disques quand tu ramenais des bonnes notes. Quel disque, s’il ne fallait en garder qu’un, ferais-tu écouter à ta progéniture et à celle du monde entier. Pour faire ressentir le grand frisson de la musique ?

Un best Of de Stevie Wonder que ma mère m’avait offert : Stevie Wonder’s Original Musiquarium.

Quelles sont tes autres passions dans la vie ?

Mes autres passions s’articulent entre rassembler mes proches, partager de la vie, le sport. Surtout le football, la gastronomie, l’écologie, la nature et la découverte de l’autre.

LES PROJETS

Dis-nous en plus sur ce nouveau projet d’album. Mixer musique latine, cubaine, africaine, européenne… Tu veux élargir toujours plus ton spectre musical via Guts ?

L’idée était de réunir 3 mondes dans un même studio à Dakar. Je joue principalement dans mes DJ-set de la musique caribéenne, sud américaine et africaine. C’est la musique qui me fait vibrer en ce moment.

La musique qui rassemble ces 3 mondes, c’est la musique Afro-Cubaine. C’est donc cette musique à laquelle j’ai voulu rendre hommage en invitant des artistes cubains à venir enregistrer à Dakar, tu imagines la symbolique. Je crois que ce fut la première fois que des artistes cubains on pu enregistrer à Dakar !

J’avais envie d’un projet profond qui repousse les frontières. Pour mieux rassembler et se retrouver dans cette géographie humaine et culturelle.

L’ARTISTIQUE

Parlons un peu de tes artworks colorés et exotiques signés Mambo. Qui dépasse d’ailleurs la « fonction » de graphiste, puisqu’il signe les compilations « Straight From The Decks » à tes côtés ? Comment s’est passé le procédé de validation artistique autour de ces œuvres ?

C’est la collaboration dont je suis le plus fier et heureux avec Mambo, une collaboration entre le son et l’image… Une magnifique histoire qui dure depuis 12 ans. Le processus est assez simple : on fait un gros briefing ensemble, Mambo écoute la musique, s’en imprègne. Et en découle une proposition visuelle qu’on ajuste ensemble pour enfin l’aboutir.

Avec Pura Vida, tu as créé ton propre label. Comment ça se passe d’avoir sa propre structure ? Quels sont les avantages incontournables ?

En fait, c’est un sous-label de Heavenly Sweetness. J’ai carte blanche dont l’avantage incontournable est la liberté d’expression et de collaboration. Pouvoir signer des artistes coup de coeur et faire des projets qui me sortent de ma zone de confort.

LA SCENE

L’exercice live et DJ-set sont très différents. Mais sont-ils complémentaires pour toi ?

Ce sont effectivement des exercices très très différents. Dans le processus de préparation, dans la proposition artistique et dans les émotions.

Ils sont complémentaires car ils se nourrissent mutuellement et le dénominateur commun, c’est la connexion avec le public.

Quels ont été les publics les plus réceptifs à tes vibes sur scène ; les villes ou pays les plus funky que tu aies pu visiter ?

Haha, question piège…

Pour finir, même si on pourrait continuer pendant des heures, quels seraient les 10 titres ou artistes que Guts nous conseillerait de découvrir absolument. Dans le but de nous donner envie de venir bouger notre cul à Aix le 17 septembre prochain ?

K.O.G (Kweku of Ghana), Jembaa Groove, David Walters, DjeuhDjoah & Lieutenant Nicholson, La BOA, África Negra, Voilaaa, Jaguar, Príncipe y Su Sexteto

Ecoutez et réécoutez la sélection musicale signée Guts

Un grand merci à Guts pour l’interview. Ainsi qu’à l’équipe de prod’ Musical Riot qui organise la soirée Pili Pili qui organise la soirée le samedi 17 prochain au 6MIC d’Aix-en-Provence avec Guts + Mobylette Soundsystem. On se voit là-bas !

Interview Guts : prolongez l’aventure

Retrouvez, suivez, encouragez, donnez de l’amour à Guts sur les internets :

Facebook, Instagram

Ecoutez, réécoutez, réréécoutez, partagez, achetez, offrez la musique de Guts :

Bandcamp, Youtube Music, Spotify, Apple Music, Deezer, Mixcloud, Soundcloud

Et si vous voulez nous suivre, nous, c’est par là :