Sabrina Bellaouel - The Float

BellaSab (oui on lui a déjà donné un petit nom affectif) sort aujourd’hui-même son nouveau clip. Et on attendait depuis 5 jours qu’il soit enfin online pour pouvoir en parler.

Quelques jours seulement après l’avoir découverte, puis d’en avoir parlé ici-même, revoici surgir et rugir le spectre « hip-pop » (quelle horreur ce terme) de la super-woman du rap français Sabrina Bellaouel. On adore déjà cette meuf. Music with fucking attitude.

Over the game

Après avoir poncé ses musiques depuis qu’on l’a entendue pour la première fois, on est très fan de l’univers de la franco-algérienne Sabrina Bellaouel. Au risque de se répéter, sa façon de pénétrer l’univers hip-hop est juste génial. Il y a ce qui fait, selon nous, la beauté du hip-hop moderne, à savoir de grosses basses de tarba, un kick qui arrache le slop, des nappes vaporeuses qui te ramènent directement à la nostalgie de tes photos insta à la plage. Et puis le flow. Que serait le hip-hop sans le flow ? Rien, sinon une musique électronique instrumentale, ni plus ni moins. Ok c’est un peu réducteur, mais rejoignons-nous sur l’indispensabilité d’un flow qui pèse, sur une instru balèze. Tu ne peux pas sortir une bête d’instru avec un flow de naze. C’est gâché. Et c’est là où la magie noire de Sabrina Bellaouel opère, à merveille. Noire, la magie, oui. Car elle envoûte, est sombre, semble venir du terter cousin. Toujours est-il que ladite magie nous charme, nous prend, nous possède, sacrément même, si vous nous passez l’expression.

L’univers visuel aussi, y est pour beaucoup. Il y a les codes du game, mais la dame arrive à s’en émanciper dès-lors même qu’elle se les approprie. Joli tour de force, hmm m’voyez. Brandir des liasses de billets tout en mettant en avant la facticité de ces derniers, c’est finalement tourner le truc en dérision. Et ça c’est le plus balèze : faire partie d’un truc alors même qu’on n’y est pas vraiment. Balèze, on vous dit. Ce qui nous emmène au second point.

Est étique & esthétique.

Ce qu’on aime le plus chez Sabrina Bellaouel ? Son côté badass, certes. Son côté meuf du game, soit. Mais c’est la poésie qui émane du travail de Sabrina qui nous a le plus touchés. Car c’est de poésie qu’on parle ici. Si les hihat roulent et que les basses vrombissent, c’est autant de soldats servants une reine évidente. La Nefertiti du rap fr n’a nul besoin d’être adoubé par qui que ce soit pour accéder au sommet de la pyramide. Prendre la parole, prendre des risques et prend le trône. La métaphore était trop tentante, désolé.

Donc, pour quoi esthétique ? Les choix, les fréros, les choix. C’est les choix qui dictent nos agissements, et dans la musique aussi. Le choix des instruments, le choix de leur traitement, les choix du mixage (non mais la place de la voix dans le mix est juste fabuleux !). Et quand on sait que l’EP « Libra » est auto-produit par la nana elle-même, qu’est ce tu veux ajouter à ça ? A part chapeau bas.

Les choix visuels aussi. Le clip est truffé de paysages, d’effets nostalgiques, à la fois sombre mais pas pour autant forcément hostiles. Comme si on était dans un rêve un peu loufoque finalement. Puis l’esthétique rejoint l’est étique. Nouveau jeu de mot. La vidéo met en avant plusieurs références visuelles orientales, qui viennent orner les personnages, viennent habiller un peu plus l’univers de Bellaouel. Les sublimes tatouages au henné, les élégantes chainettes de taille, les paysages qui rappellent ce bon vieux bled, et puis la coupe de veuch aussi. Finalement la métaphore avec Nefertiti n’était pas si con que ça. Bref, tout un arsenal de ce que l’orient à de plus beau.

Beau + beau = Sublime. Cqfd.

Le réalisateur du clip, Aelred Nils (qui a taffé sur pas mal de projets musicaux dont Rone ou Lomepal) commente cette oeuvre comme suit : « Ce clip est une fresque esthétique. Il faut l’imaginer comme des tableaux vivants, majoritairement en travellings et au ralenti, qui vont évoquer et mélanger les différents univers, influences musicales et spirituelles de Sabrina. Du punk anglais au cabaret algérien, du R&B aux tatouages Berbères, de la trap à la danse Chaoui, de Janet Jackson à la guerrière Khaina…Il s’agit avant tout de mettre en avant Sabrina, dans sa pluralité artistique, culturelle, sa beauté et ses envies… Elle sera accompagnée d’une femme « tatoueuse » tout au long du film, qui sera symboliquement, parfois sont alliée, son écoute, sa soeur, parfois une étrangère indifférente ou une mère sourde aux confessions de ses proches… Cela fera écho à la thématique du morceau, qui vient toucher la subtilités des relations humaines, des sentiments et de la difficulté souvent récurrente à les exprimer. Les tatouages Berbères et leur symbolique, vont ouvrir et nourrir l’esthétique traditionnelle Berbère ici intégrée à l’image sur une forme musicale totalement contemporaine et occidentale. » (sic)

Putain, on n’aurait pas mieux dit…

Donc nous voilà une nouvelle rendu et être pendu aux lèvres de la dame. A mater puis remater le clip encore et encore. A l’heure des bilans d’écoute annuelle sur nos chères plateformes d’écoute streamée, Sabrina Bellaouel va clairement truster nos charts, elle qui domine déjà nos débats. Franchement on peut être vraiment fier d’avoir un tel talent chez nous. Et vivement la suite.

Sabisab, c’est quand tu veux que tu viens sur Marseille, c’est tu veux pour une interview, frangine !

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